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« Ou bien parais tel que tu es, ou bien sois tel que tu parais. » par Antoine Pierlot

  • Photo du rédacteur: Rive Gauche Cabinet DEE
    Rive Gauche Cabinet DEE
  • 29 sept.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 oct.


Ce court énoncé du poète soufi Rûmî est un concentré de sagesse. Un chemin tracé comme une invitation à la cohérence et au courage. Une voie de l’authenticité.


À la manière d’un kōan, cette phrase paraît à la fois limpide et paradoxale, si bien que sa lecture peut nous troubler du léger vertige de la dissonance cognitive. Nous savons que les deux termes de l’énoncé sont identiques, et pourtant ils paraissent différents.


C’est là le génie de Rûmî que de jouer avec l’être et le paraître, et de faire émerger toute notre dualité dans sa proposition. Bien qu’elle soit affirmative, le “ou bien” introduit l’implicite de l’interrogation, et trouve dans le “tel que” une puissante résolution.


Lorsqu’un enfant rencontre dès son plus jeune âge un environnement propice à son développement, il apprend avec confiance, en grandissant, à relier être et paraître dans une relative harmonie. La conscience qu’il a de lui-même procède alors d’un sentiment d’unité qui lui offrira de se déployer sereinement et de favoriser les choix propices à son épanouissement. C’est bien lorsque son être est accueilli que le sujet peut se risquer à le manifester. Dans le cas contraire, l’enfant grandit sur un mode défensif, et comprend vite, très vite, qu’il a tout intérêt à composer pour survivre. Et je pèse mes mots. Est-il utile de rappeler que durant ses plus jeunes années, un enfant est tout entier dépendant de son environnement pour répondre à ses besoins vitaux ? Cette composition prend alors la forme d’une dislocation. Le paraître devient pare-être, il ne s’agit alors plus tant de manifester l’être que de lui offrir l’assurance d’une protection, tout en donnant à voir ce qui lui permettra de répondre au mieux à ses besoins. Le prix à payer pour une telle stratégie, cependant, est exorbitant. Le pare-être est une aliénation, un processus sans fin qui occasionnera irrémédiablement une souffrance importante, sourde et profonde, qui subjuguera souvent l’enfant devenu adulte dans le sentiment d’un douloureux décalage. Car dans le pare-être, il s’agit bien aussi de parer, au sens ornemental de la parure. Un étourdissement dont il devient très difficile de se défaire.


Le sens de la proposition de Rûmî devient ici plus clair. La clarté n’est pas la transparence, un autre écueil aujourd’hui très répandu. Le mouvement suggéré, dans notre incarnation de l’être, serait plutôt celui d’un alignement.


Carl Rogers, éminent psychologue humaniste américain, en a fait un des piliers de sa pratique. Son approche a révolutionné les champs de la psychologie clinique, de la psychothérapie et de l’éducation. Selon lui, la pertinence d’un accompagnement thérapeutique ne relève pas tant d’une technique que de trois qualités : l’empathie, la considération positive inconditionnelle, et la congruence. La première est la plus évidente, bien que souvent confondue avec la sympathie. La seconde consiste à accueillir inconditionnellement tout ce que le patient manifestera dans le cadre de la thérapie. La troisième est une révolution : la congruence est un état d’unification entre l’expérience émotionnelle en cours, la conscience de cette expérience, et ce qui est exprimé au patient. En d’autres termes, il s’agit là pour le thérapeute d’harmoniser en lui l’être et le paraître.


Le contact à cet environnement harmonisé est un soin à proprement parler. De séance en séance, cette congruence fait naître une profonde confiance qui permet au patient de déposer les masques et d’œuvrer à s’accorder. De se dire, de retrouver le chemin d’une certaine cohérence, d’être en vérité.


Il lui redevient alors possible de jouer librement avec son image, sans en être dupe. Tel un instrument justement accordé, il peut laisser se déployer toutes les expressions de ses variations chromatiques sur le socle de son authenticité. Car s’unifier, paradoxalement, c’est s’ouvrir à la richesse de sa multiplicité.

 

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Le mois prochain, il sera question de patience, et d’impatience.


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