Dynamique Émotionnelle Exprimée par Antoine Pierlot

Chaque mois, je vous partage une réflexion, un commentaire, à partir d’une citation, une étude ou une œuvre qui, je le souhaite, vous éclairera sur un aspect particulier de la psychothérapie et ma manière de la pratiquer.

Ceux qui me connaissent le savent, mon engagement dans le champ de la psychothérapie est né d’une rencontre, que je n’hésiterai pas à qualifier de mémorable, éclatante et profonde. J’errais allègrement lorsque j’ai entendu le nom du psychiatre Étienne Jalenques pour la première fois. Et la chaleur avec laquelle il m’a été partagé a pour le moins éveillé ma curiosité. Le rendez-vous pris, je me rends donc un jour dans son cabinet du XVIᵉ arrondissement de Paris. Ce lieu, j’eus ensuite l’occasion de le fréquenter pendant des années, d’y vivre des échanges bouleversants, de m’y sentir chahuté, porté, blessé, meurtri, ébahi, enthousiasmé, allégé, transporté.

Rencontrer le fondateur d’un mouvement thérapeutique est une chance, car c’est bien souvent le meilleur moyen de le voir incarné. Une thérapie, avant de devenir un courant, est le fruit de l’expérience d’un être, de son vécu, de son parcours, de ses recherches. Freud et la psychanalyse, Frankl et la logothérapie, Perls et la Gestlalt… La forme proposée par Étienne Jalenques prend le nom de Dynamique Émotionnelle Exprimée.

Je me rappelle avoir entendu un jour un thérapeute me dire d’un ton quelque peu dédaigneux : « Ah, les émotions. Vous savez, pour moi, c’est essentiellement de la communication. » Cette sortie m’avait marqué. Après tout, en tant que musicien, je pressentais bien la pauvreté simpliste de son analyse. Mais je n’en avais pas encore perçu toute la portée : nos émotions sont peut-être justement le meilleur moyen de rentrer en communication avec nous-mêmes. À la fois physiques et psychiques, liées à l’interne et à l’externe du sujet, elles manifestent toujours le plus concrètement notre expérience présente et témoignent d’une forme que le langage ne saurait retranscrire tout à fait.

La Dynamique Émotionnelle Exprimée se propose ainsi d’appréhender l’être dans sa dimension affective. Elle permet simultanément de favoriser le contact à ses émotions, d’en discerner le sens véhiculé, et d’apprendre à en maîtriser l’expression. Ce travail individuel ou groupal est à la fois une expérience et un apprentissage. Mais ce qui se distingue ici à mon sens de la plupart des courants thérapeutiques, c’est que la Dynamique Émotionnelle Exprimée ne s’axe pas tant sur l’élucidation de telle ou telle pathologie ou souffrance, elle ne vise pas prioritairement la levée de nos empêchements, mais bel et bien la découverte de la source de notre épanouissement.

En affinant notre perception des mouvements affectifs qui nous traversent, en nous offrant d’expérimenter de les exprimer, nous retraçons bien sûr notre histoire, nos blocages, nos traumatismes, nos refoulements et nos inhibitions, mais au contact d’autres êtres engagés dans la même démarche, nous rencontrons un au-delà : une fraternité humaine. Oui, c’est aussi en recontactant ce qu’il y a de plus universel en nous que se distingue le plus nettement notre singularité. La peur, la joie, la colère, la tristesse, le dégoût, la honte, la surprise… Lorsque nous retrouvons la liberté de laisser danser en nous nos affects, nous pouvons sentir dans ce mouvement émerger le sentiment irrésistible du bonheur d’être soi.

Ça, je l’ai senti dès ma première rencontre avec Étienne Jalenques. Chez lui, pas encore chez moi. Mais si je ne l’avais pas vu l’incarner, je n’aurais jamais su qu’un tel accomplissement existe. Avec la Dynamique Émotionnelle Exprimée, il nous en a tracé un chemin.

Pour aller plus loin, un ouvrage d’Étienne Jalenques à commander ici : https://www.marabout.com/livre/la-therapie-du-bonheur-9782501172813/

N’hésitez pas à partager cet épisode ou à y réagir en répondant à cet e-mail.

Le mois prochain, il sera question de travail, et d’argent.

S’abonner à la newsletter